5 questions pour un jardin : La fougeraie du parc de Beervelde

Cet article se veut le premier volet d’une longue série. Il nous emmène en Belgique, au Parc de Beervelde à côté de Gand.

Beervelde, tous les passionnés de jardin connaissent ce nom, c’est là que se déroule chaque année depuis 1989 “Les Journées des Plantes” (le deuxième weekend de mai et le deuxième weekend d’octobre). Un rendez-vous devenu incontournable dont la situation géographique permet de rassembler dans un même lieu des pépiniéristes belges, mais également français et néerlandais.

Ce parc paysager à l’anglaise fut dessiné par l’architecte Louis Fuchs en 1873 à la demande du Comte Charles de Kerchove de Denterghem. Il avait pour vocation de servir de vitrine à l’horticulture gantoise alors en plein essor.

Géré de manière naturelle, le parc abrite un Woodland Garden remarquable pour ses azalées et ses plantes castrales (plantes pour l’ornementation des parcs et jardins qui se sont naturalisées).

Ainsi qu’une insolite petite fougeraie qui est aujourd’hui l’objet de cet article.

Le Comte Renaud de Kerchove a eu la gentillesse de bien vouloir se prêter au jeu des 5 questions pour nous permettre d’appréhender ce lieu spécifique du parc de Beervelde.

1- Quel est l’historique de ce lieu particulier au sein du parc de Beervelde ?

C’est une création que j’ai initiée, inspiré par les créations éphémères des shows anglais (Chelsea, Hampton Court…) et de ce que j’avais vu à Courson sur le stand du producteur de fougères Yves Dupont. Il exposait une magnifique présentation de fougères dans une rocaille, un travail titanesque !
Mon sang n’a fait qu’un tour et au mois d’octobre suivant je présentais des fougères dans une rocaille à Beervelde … J’ai appris par la suite que les blocs de pierre d’Yves Dupont étaient d’anciens décors de théâtre … en carton !

2- Comment l’aménagement de cette fougeraie s’est-il imposé ? Est-ce une création ou bien est-il le prolongement de ce que la nature avait initié ?

A l’origine il n’y avait rien, juste du gazon, toute la construction date de l’été 1998. Cet aménagement m’a servi à matérialiser la thématique “fougères” qui fut le thème des Journées des Plantes d’octobre 1998.
Depuis, la nature a repris une bonne partie des choses en main. On intervient trois ou quatre fois par an, en particulier pour limiter l’envahissement par le lierre, et on accepte que la nature reprenne le dessus quand on a le dos tourné.
Faut-il le dire ? … Je suis partisan du jardin naturel, le travail de l’entrepreneur de jardin est de créer des niches, de les ensemencer d’une plante ou d’une autre et puis de laisser faire la nature. Ensuite, c’est de la gestion de biotope, il peut/doit (toujours selon moi et pour ce site-ci) intervenir pour empêcher qu’une espèce ne domine trop et ne ruine la biodiversité.

3- Tous les sujets ne sont pas identifiés, certains seulement, quelle en est la raison? Faut-il y voir là une différenciation entre la végétation endémique et les sujets qui y ont été volontairement introduits?

Athyrium_niponicum_Burgundy

Pas du tout, il n’y a rien de voulu. En octobre 1998, tout était pourvu d’une étiquette. Aujourd’hui, il n’y en a presque plus, mais il faut préciser que le nombre d’espèces est relativement limité et je les connais toutes.
Et puis l’étiquetage représente un travail énorme et le temps manque.

4- Comment ce jardin a-t-il évolué dans le temps, et en avez tiré des enseignements?

Avec le temps, certaines fougères sont devenues trop grandes, on a donc dû les déplacer et leur trouver une autre place dans le parc.
De nombreuses espèces d’arbres se sont semées seules sur le muret, ainsi que du chiendent que je limite sans espérer l’enlever complètement.

L’ail des ours (Allium ursinum), je l’ai introduit et il a envahi, mais je ne lutte pas trop car c’est très joli au mois d’avril.

Allium_ursinum
Ail des ours (Allium ursinum)

L’aspérule (Galium odoratum), c’est un peu la même chose. Intéressant un court moment dans l’année avant les Journées des Plantes ! … Mais je la laisse.

Avec le recul, je n’aurai jamais dû mettre de Matteucia strupthiopteris (fougère allemande ou plumes d’autruche), elles sont très envahissantes …

5- Une dernière question, à laquelle de ces fougères va votre préférence?

A celles qui se ressèment !
Ce n’est pas une fougère, mais j’aime Cymbalaria muralis (Ruine-de-Rome) qui s’est implantée toute seule.

Cymbalaria_muralis_Ruine_de
Cymbalaria muralis (Ruine-de-Rome)

J’ai une tendresse pour la fougère Polypodium vulgare ‘Bifido Multifidum’. Mais ce que j’aime par-dessus tout, c’est une petite scène que je suis sans doute le seul à avoir remarqué, un espace entre deux pierres où se sont implantées naturellement deux fougères. Asplenium scolopendrium à côté de laquelle s’est semée Asplenium trichomanes ‘incisum’.

Asplenium_scolopendrium_et_
Asplenium scolopendrium & Asplenium trichomanes ‘incisum’

Pour clore cet article, j’adresse mes chaleureux remerciements à Monsieur le Comte Renaud de Kerchove pour son accueil et sa disponibilité.

Fabrice Chollet

 

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3 Comments

  1. Très intéressant, et cet article m’a permis de retrouver le nom d’une fougère que j’avais perdu: La scolopendre: Asplenium scolopendrium!
    Merci!

  2. En relisant, je remarque que sur la photo où il y a Asplenium trichomanes ‘Incisum’, ce n’est pas 2 mais 4 fougères différentes que l’on distingue. Deux formes de Asplenium scolopendrium, la normale (aux feuilles plattes) et une forme aux feuilles non-plattes (disons ‘Crispa’, OK?) et une Dryopteris filix-mas (Fougère Mâle). Encore plus sympa!

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